La Belle image _ Récit de Jacques
La Boucherie Simonian, Valence
La Belle image cherche à tracer le portrait d’une ville, celui de la ville de Valence, pour en dessiner une carte poétique en mettant en relation passé et présent et en tissant un fil à travers la mémoire de ses citoyens et citoyennes.
25.09 et 26.09.21
O.V.N.I: Exposition, photographie, film
EXPOSITION / INSTALLATION SONORE
Direction artistique: Silvia Costa, Pierre-Philippe Hofmann
Photographies et témoignages audio et vidéo: Pierre-Philippe Hofmann
Participant·e·s: René Leniept, Alice Maksoudian, André Maksoudian, Marie-Claire Maurice, Jacques Simonian, Josie Souteyra
Graphisme: Romain Guillo
FILMS
Conception et chorégraphie: Silvia Costa
Réalisation et montage: Salomé Laloux-Bard
Création sonore: Nicola Ratti
Régie son: Mickaël Selam
Participant·e·s: René Leniept, Alice Maksoudian, André Maksoudian, Marie-Claire Maurice, Jacques Simonian, Josie Souteyra
O.V.N.I. créé le 25 septembre 2021 au Théâtre de la Ville et dans la ville de Valence
Production: La Comédie de Valence – Centre dramatique national Drôme-Ardèche
Remerciements: Ville de Valence; Pays d'art et d'histoire - Valence Romans Agglo; Sauvegarde du Patrimoine Romanais - Péageois; Maison pour Tous du centre-ville de Valence; Maison de Quartier Saint-Nicolas et Maison Citoyenne Noël Guichard de Romans; Archives communales et communautaires Valence - Romans Agglo; Centre du Patrimoine Arménien; Bureaux And Co-Nouvelles Galeries; Microtek Informatique, Gilles Devès
Et aussi: Madeleine Lesage, Aimée Tourasse, Emma Keledjian, Marie-Hélène Abrial
Avec le soutien de Wallonie Bruxelles International
Infos +
Projections les 25.09 et 26.09.21 au Théâtre de la ville.
Parcours libre dans Valence au départ de la Place Saint-Jean.
La carte du parcours est à retirer au Théâtre de la Ville de 10h à 12h et de 14h à 18h.
Le parcours sera visible dans Valence jusqu'au 08.10
Mon père est arrivé en France en 1920. Je suis né à Valence, au cœur de Valence. Je n'ai jamais quitté la place du Pendentif et la Place de la Pierre, deux places voisines. J'ai 84 ans, bientôt 85. Je devrais pas le dire.
Je suis né à l'hôpital de Valence, qui a été bombardé par la suite. Mon père tenait sa boucherie Place de la Pierre, à quelques mètres d'ici, et on est restés jusqu'en 1964. Il était pas du tout boucher, mais il s'est incrusté et il a réussi sa formation de boucher et il a travaillé jusqu'en 1964-65 et même après, puisqu'on travaillait ensemble.
Pour sa première boutique, mon père avait loué un pas de porte, avec du parquet partout, des trous dans les murs... c'était infâme. Avec ma mère, ils descendaient au bord du Rhône avec des galets pour reboucher les trous. Il a réussi à faire ça, sa boucherie. Et ma mère frottait tous les jours; elle a beaucoup aidé mon père.
Le premier jour où ils ont ouvert: personne! Les gens passaient sans s'arrêter pour jeter un oeil. Le deuxième jour, pareil. Le troisième jour, Madame Grivet est rentrée chez nous pour acheter sa viande. À partir de ce jour, tous les gens du quartier sont venus. Ils se sont dit : «Si Madame Grivet va chez Simonian, c'est que c'est propre!».
Place de la Pierre, on avait la boucherie devant et nous vivions dans l'arrière-boutique. Et pour aller coucher, on traversait la place pour aller dans le deux-pièces de la rue St Jean. Dans l'arrière-boutique, il y avait le fourneau. Il n'y avait pas de douche, pas de toilettes, mais ça, c'était commun.
Ça ne nous faisait pas sursauter. Et puis, on vivait là, bien. J'ai des souvenirs de mes parents, avec ma mère qui faisait cuire des châtaignes sur le fourneau. On chantait avec ma sœur. On était heureux.
Le soir, après la soupe, quand c'était l'heure d'aller se coucher, on prenait tous nos vêtements pour la rue St Jeanne où on dormait avec mes sœurs et mes parents. C'est des souvenirs avec nostalgie. Ce sont pour moi de très bons souvenirs.
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