L'Absence de père

En quelques années, la metteuse en scène a fait signature de son appropriation des grands classiques de la littérature dramatique contemporaine. Pour la réécriture de la première pièce de l’auteur russe, elle s’est aussi nourrie d’improvisations partant de l’expérience de ses fidèles comédiens: leur rapport à leurs parents et leur appréhension du concept, parfois galvaudé, de génération.
Ici, tout commence par des retrouvailles dans la grande maison d’Anna Petrovna, femme au caractère trempé qui a dû succomber aux avances d’un homme ayant le pouvoir de la sauver de ses dettes. Lorsqu’arrivent son beau-fils et sa femme, amour d’enfance de Michel Platonov, lui-même accompagné de sa compagne, tout bascule. Chacun se débat pour garder la face et leurs failles ne cessent de renvoyer à celles du spectateur dans un de ces vertiges dont Lorraine de Sagazan a le secret. Car si elle a fait des huis clos une de ses spécialités, elle sait surtout y faire glisser aussi son public, en quasi immersion.
Vient un moment où nous devrons tous nous confronter à notre héritage, à nos espoirs trahis et à nos petits arrangements avec nous-mêmes. Et apprendre, si possible avec tendresse, à faire avec.